Troubles DYS et TDA/H : la dysrégulation émotionnelle

Troubles DYS et TDA/H : la dysrégulation émotionnelle

Rappel : Qu’est-ce que sont les troubles Dys et le TDA/H ?

Les personnes qui vivent avec un trouble d’apprentissage doivent composer avec des défis supplémentaires tout au long de leur vie, et plus particulièrement pendant le parcours scolaire.

  1. Les troubles dys ou dys- sont des troubles spécifiques durables qui affectent les fonctions cognitives du cerveau relatives au langage, à l’écriture, au calcul, aux gestes et à l’attention. Les troubles Dys peuvent être répertoriés en six catégories :
  2. Les troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit, appelés dyslexie et dysorthographie.
  3. Les troubles spécifiques des activités numériques, appelés communément la dyscalculie.
  4. Les troubles spécifiques du développement du langage oral, la dysphasie.
  5. Les troubles spécifiques du développement moteur et/ou des fonctions visuospatiales, appelés communément dyspraxie.
  • Le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA ou TDAH) est un trouble du neurodéveloppement caractérisé par l’association de trois symptômes dont l’intensité et la manifestation varient selon chaque personne. Il est le trouble neurodéveloppemental le plus diagnostiqué chez l’enfant d’âge scolaire. Les symptômes incluent un déficit de l’attention, une incapacité à maintenir son attention, à terminer une tâche, oublis fréquents, etc.

Il est crucial de prendre en compte la dysrégulation émotionnelle dans le TDAH et les troubles Dys, car elle affecte plus de 75 % de ces enfants et adolescents, aggravant la sévérité des troubles et rendant la rééducation plus complexe.

La dysrégulation émotionnelle engendre des comportements inadaptés et peut évoluer en troubles anxieux ou des conduites si elle n’est pas traitée correctement. Malgré sa reconnaissance comme caractéristique associée du TDAH et des troubles Dys, elle est souvent négligée par les médecins mal informés, ce qui nuit au patient et à sa famille.

Les tests cognitifs ne sont pas suffisants pour diagnostiquer pleinement la dysrégulation émotionnelle, mais ils peuvent aider à comprendre les difficultés liées aux fonctions exécutives.

Il est important de ne pas minimiser l’impact de la dysrégulation émotionnelle dans ces troubles pour assurer un traitement efficace dans leurs difficultés. Il est donc très important de travailler en collaboration avec le patient pour lui permettre de développer des stratégies d’auto-régulation émotionnelle, en plus des stratégies cognitives et comportementales traditionnellement utilisées dans la prise en charge de ces troubles.

Il est également important de prendre en compte les émotions du patient dans le cadre de son traitement, car ces dernières peuvent avoir un impact significatif sur son fonctionnement au quotidien. La gestion des émotions peut ainsi être une priorité dans l’accompagnement du TDAH ou des troubles Dys, afin d’améliorer la qualité de vie du patient et de son entourage.

Selon R. Barkley, référence mondiale dans le domaine, le trouble est sous-tendu par des déficits des fonctions exécutives : de l’inhibition comportementale principalement, mais aussi chez certains patients de la mémoire de travail. Ces déficits ont à ses yeux pour conséquence inévitable une dysrégulation émotionnelle : dès lors que les patients souffrant de TDA/H ont du mal à inhiber les réponses motrices et comportementales spontanées suscitées par une stimulation de l’environnement, ils auront au moins autant de mal à inhiber ces réponses si cette stimulation produit également chez eux une réponse émotionnelle. Autrement dit, étant par définition impulsifs, ils le seront d’autant plus dans un contexte émotionnellement chargé.

Une expression de la dysrégulation émotionnelle est l’irritabilité, souvent liée à une agressivité réactionnelle et à des crises de colère. Très fortement exprimée chez les petits, elle peut potentiellement se transformer en trouble anxieux à mesure que l’enfant grandit et qu’il tente de se contenir ou à l’inverse en trouble des comportements s’il ne peut les réprimer.

Pour autant, elle ne fait pas partie des critères premiers de diagnostic et est de fait souvent isolée par les médecins mal informés, qui s’en vont « boucler » sur des problématiques éducatives ou – plus rarement sur d’autres troubles mentaux, ce qui est fort dommageable pour le patient, sa famille et… pour la médecine. Le trouble de dysrégulation émotionnelle rencontré dans le TDAH a été décrit comme une déficience de l’auto-régulation des émotions comme l’irritabilité, la frustration et la colère, et une faible tolérance à la frustration, des crises de colère, une impulsivité émotionnelle, et une labilité.

(La labilité émotionnelle est une altération de l’affectivité qui implique une variabilité et une instabilité des manifestations émotionnelles. Les personnes présentant une labilité émotionnelle passent rapidement et radicalement d’un état émotionnel à l’autre, pouvant osciller entre la joie, la colère, les larmes ou la tranquillité. Ces changements d’humeur peuvent être causés ou non par des stimuli externes ou internes, et sont généralement de courte durée).

En conclusion, le TDAH et les troubles Dys ne se résument pas uniquement à des difficultés de concentration et d’organisation, mais implique également des problématiques émotionnelles. Une approche thérapeutique globale prenant en compte ces aspects est essentielle pour une prise en charge efficace et durable du trouble.

La dysrégulation émotionnelle se caractérise par :

  • Un déficit d’autorégulation de l’excitation physiologique liée à de fortes émotions.
  • Des difficultés à inhiber le comportement inapproprié spontané suscité par une forte émotion positive ou négative.
  • Des problèmes à redéployer l’attention depuis des stimuli émotionnellement forts, une désorganisation dans la coordination du comportement en réponse à une activation émotionnelle.